jeudi 25 octobre 2007

Quelques coups d'ombrelle... 2/6

Comme promis, voici le deuxième épisode d'une nouvelle écrite par un jeune talent de Pyrénées Gascogne. Vous en découvrirez l'identité au terme du 6ème et dernier épisode.
Premier
épisode publié ci-dessous à la date du 18/10.


La tête pleine de ces souvenirs, le Padre sortit du jardin et contourna le bâtiment. Devant le parvis, le long des marches, une diligence aux stores et aux jalousies vertes était garée. Le mayoral (ou conducteur) juché sur son banc, salua le curé d’un hochement de tête après avoir soulevé son chapeau en signe de déférence, tout comme le fit l’escopetera, l’homme en arme qui escortait l’équipage, la carabine à l’arçon de la selle d’un cheval andalou.
Le Padre entra dans son église. Une femme se tenait debout au milieu de la nef et semblait l’attendre. La pénombre ambiante, une sorte de tiers de jour, ne facilitait pas la vision.
Mais au bout d’un moment il chuchota : « Bibiana ? C’est bien toi ? »
« Oui Padre. Ai-je donc tant changé ? » Répondit-elle. J’avais besoin de me confier à quelqu’un…J’ai pensé à vous ».
Alors, d’une main, il l’invita à se diriger vers le confessionnal en bois de chêne qui sentait la cire et la poussière.
« Tu es devenue une très belle femme, sais-tu... Pater, fili e spiritus sanctus, je t’écoute. »
Quand ils ressortirent, le prêtre était perplexe.
« Ce que tu me demandes là, commença-t-il, n’est pas commun… »
« Oh Padre ! Je vous assure que c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour nous sauver ! »
« Les liens du mariage sont sacrés chez nous, répliqua l’abbé, et tu sais que j’ai pour ton mari une admiration sans borne. Cependant… »
« Cependant…Continuez Padre ! »
« Rien de sûr…Crois-tu que tu pourrais me procurer deux places pour la corrida de lundi à Grenade ? »
Et tout en la raccompagnant à sa diligence, il lui donna ses instructions quant à la suite des opérations. Bibiana appela le mayoral qui faisait provision de petits cailloux dont il ferait usage pour énerver les oreilles des mules de l’attelage.
Sitôt installée, elle donna l’ordre de démarrer et la voiture disparut rapidement dans la pente de la colline desséchée. Longtemps le Padre resta sur le parvis de l’église pour suivre du regard le tourbillon de poussière que soulevait l’équipage en s’éloignant dans cette plaine aride. Une chaleur torride empesait déjà la sévère beauté du paysage malgré l’heure matinale, et pas un souffle de vent n’emportait la poussière en suspension qui retombait lentement sur les bords du chemin, enfarinant d’une couche grisâtre les oliviers qui se trouvaient là.
Le silence et la solitude revenus, le Padre se dirigea vers le village pour entrer dans la tienda d’un de ses paroissiens qui louait des chambres à des voyageurs de passage... (A SUIVRE)

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