Voici le dernier épisode d'une nouvelle écrite par un jeune talent de Pyrénées Gascogne. Encore un peu de patience et nous vous en révèlerons l'identité. RDV sur le blog Do U speak Jeunes ? samedi prochain 24 novembre.
En attendant, nous espérons que cette lecture vous captivera et qu'elle suscitera, peut-être, quelques vocations.
En attendant, nous espérons que cette lecture vous captivera et qu'elle suscitera, peut-être, quelques vocations.
Résumé des épisodes précédents : Nous sommes en Espagne, au milieu du XIXème siècle, non loin de Grenade en Andalousie. Le jeune journaliste Théophile Gautier, accompagné du Padre Miguel, fait la rencontre mouvementée de la très belle Dona Paquiro prénommée Bibiana. Suite à un écart de langage il reçoit un violent coup d’ombrelle, mais se fait pardonner le soir même et découvre le tempérament de feu de la belle andalouse. Le lendemain ils se rendent aux arènes dans lesquelles apparaît le fameux Montès, entouré de son quadrille. Ils assistent au triomphe du talentueux torero, et découvrent la mise à mort sans honneur d'un taureau ''Corbade" (lâche). Puis apparaît le 5ème taureau...
Episodes précédents publiés le 18/10, 25/10, 01/11, 8/11 et le 16/11.
La media corrida elle, continuait. On en était au cinquième taureau, toujours combattu par le grand Montès de Chiclana. Mais cette fois, l’animal était d’un tout autre acabit. Il déboula bien en jambes au sortir du toril. C’était un cárdeno, poil noir et blanc avec des défenses acérées et peu de collier. Bas de garrot, il parvenait à faire volte-face dans un espace réduit et avait du mal à accepter le leurre à droite.
Le regard du taureau était celui d’un assassin, cela se voyait. Montès aussi l’avait vu et sa pâleur trahissait son angoisse. D’autant que l’Alcalde avait abrégé le châtiment de la pique après deux charges très courtes. L’animal peu fatigué, avait encore toute sa force.
Quand les clarines retentirent annonçant que le temps de la mise à mort était venu, le grand toréro savait que le taureau n’était pas prêt à être estoqué. Sa tête ne se baissait pas suffisamment et il n’y avait pas de place pour passer l’épée.
Il agita encore sa muleta rouge devant le mufle de l’animal tout en lui présentant son épée à l’horizontale devant les yeux.
Tout à coup, le taureau s’effondra et mourut immédiatement. Il y eut quelques instants de flottement dans la foule, le temps de comprendre qu’elle venait de se faire berner. Quand elle comprit que le grand Montès lui-même venait d’utiliser un coup défendu par toutes les lois de la tauromachie en transperçant le front de l’animal pour lui piquer la cervelle, cette même foule qui l’adulait quelques instants plus tôt, lui réserva une bronca monstre. Des cris, des sifflets, des injures sortaient de toutes les gorges. Tout le monde était debout pour le conspuer, le huer, l’insulter dans un tumulte invraisemblable qui ne semblait plus s’arrêter. Puis on vit atterrir sur la piste des coussins, des éventails, des chapeaux, des gourdes pleines d’eau et même des morceaux de bancs que les gens arrachaient.
Gautier lui aussi participait aux invectives une fois que l’affaire lui fut expliquée.
« Boucher ! Voleur ! Envoyez-lui les chiens ! » Criait-il dans un état de pure excitation.
A côté de lui le Padre et Bibiana étaient restés assis sans participer à l’hystérie collective.
« Mais enfin Bibiana, lui dit Gautier, tu as vu ça ? Mais c’est un lâche ! Vous m’en reparlerez de votre fameux Montès ! Montès de Chiclana ? Montès chiqué, oui ! Montès mon cul surtout ! »
Ce fut donc un deuxième coup d’ombrelle que le français reçut de l’andalouse en deux jours. Car Bibiana, pâle comme un linge, quitta la loge sans dire un mot mais sans oublier de frapper le pauvre Gautier qui ne comprit pas ce qui lui arrivait.
L’air hébété, l’ombrelle cassée sur la tête en guise de chapeau, il se retourna vers le Padre qui lui aussi ne riait pas, et lui demanda : « Padre. C’est une malade cette femme !»
L’ecclésiastique se leva et lui dit : « Je crois que vous n’en aurez plus l’occasion car vous venez de faire la gaffe la plus monumentale qui soit. Le Montès que vous venez de trainer dans la boue, s’appelle en réalité Francisco Paquiro. Montès n’est que son surnom de toréro, d’artiste. Et Dona Paquiro, Bibiana si vous préférez, n’est autre que sa femme légitime. Et en Espagne, vous apprendrez que l’honneur est sacré. Une dame peut vous permettre toutes les privautés du monde dans son lit, mais il ne faut jamais dire du mal de son mari. Jamais. Retournez donc dans vos salons parisiens, Monsieur Gautier, et laissez la tranquille. Evitez aussi de relater cet épisode dans vos articles de presse et ne mentionnez pas son nom. Les carlistes se réfugient en France et sauraient vous retrouver pour vous régler votre compte. Que la paix soit avec vous mon fils…»
Gautier regarda le prêtre se diriger vers la sortie et disparaître dans les escaliers.
« Et avec votre esprit… » Murmura-t-il.
Le regard du taureau était celui d’un assassin, cela se voyait. Montès aussi l’avait vu et sa pâleur trahissait son angoisse. D’autant que l’Alcalde avait abrégé le châtiment de la pique après deux charges très courtes. L’animal peu fatigué, avait encore toute sa force.
Quand les clarines retentirent annonçant que le temps de la mise à mort était venu, le grand toréro savait que le taureau n’était pas prêt à être estoqué. Sa tête ne se baissait pas suffisamment et il n’y avait pas de place pour passer l’épée.
Il agita encore sa muleta rouge devant le mufle de l’animal tout en lui présentant son épée à l’horizontale devant les yeux.
Tout à coup, le taureau s’effondra et mourut immédiatement. Il y eut quelques instants de flottement dans la foule, le temps de comprendre qu’elle venait de se faire berner. Quand elle comprit que le grand Montès lui-même venait d’utiliser un coup défendu par toutes les lois de la tauromachie en transperçant le front de l’animal pour lui piquer la cervelle, cette même foule qui l’adulait quelques instants plus tôt, lui réserva une bronca monstre. Des cris, des sifflets, des injures sortaient de toutes les gorges. Tout le monde était debout pour le conspuer, le huer, l’insulter dans un tumulte invraisemblable qui ne semblait plus s’arrêter. Puis on vit atterrir sur la piste des coussins, des éventails, des chapeaux, des gourdes pleines d’eau et même des morceaux de bancs que les gens arrachaient.
Gautier lui aussi participait aux invectives une fois que l’affaire lui fut expliquée.
« Boucher ! Voleur ! Envoyez-lui les chiens ! » Criait-il dans un état de pure excitation.
A côté de lui le Padre et Bibiana étaient restés assis sans participer à l’hystérie collective.
« Mais enfin Bibiana, lui dit Gautier, tu as vu ça ? Mais c’est un lâche ! Vous m’en reparlerez de votre fameux Montès ! Montès de Chiclana ? Montès chiqué, oui ! Montès mon cul surtout ! »
Ce fut donc un deuxième coup d’ombrelle que le français reçut de l’andalouse en deux jours. Car Bibiana, pâle comme un linge, quitta la loge sans dire un mot mais sans oublier de frapper le pauvre Gautier qui ne comprit pas ce qui lui arrivait.
L’air hébété, l’ombrelle cassée sur la tête en guise de chapeau, il se retourna vers le Padre qui lui aussi ne riait pas, et lui demanda : « Padre. C’est une malade cette femme !»
L’ecclésiastique se leva et lui dit : « Je crois que vous n’en aurez plus l’occasion car vous venez de faire la gaffe la plus monumentale qui soit. Le Montès que vous venez de trainer dans la boue, s’appelle en réalité Francisco Paquiro. Montès n’est que son surnom de toréro, d’artiste. Et Dona Paquiro, Bibiana si vous préférez, n’est autre que sa femme légitime. Et en Espagne, vous apprendrez que l’honneur est sacré. Une dame peut vous permettre toutes les privautés du monde dans son lit, mais il ne faut jamais dire du mal de son mari. Jamais. Retournez donc dans vos salons parisiens, Monsieur Gautier, et laissez la tranquille. Evitez aussi de relater cet épisode dans vos articles de presse et ne mentionnez pas son nom. Les carlistes se réfugient en France et sauraient vous retrouver pour vous régler votre compte. Que la paix soit avec vous mon fils…»
Gautier regarda le prêtre se diriger vers la sortie et disparaître dans les escaliers.
« Et avec votre esprit… » Murmura-t-il.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire